PIERRE
REVERDY
LA
SAVEUR DU RÉEL
Il
marchait sur un pied sans savoir où il poserait l’autre. Au tournant de la rue
le vent balayait la poussière et sa bouche avide engouffrait tout l’espace.
Il se mit à courir
espérant s’envoler d’un moment à l’autre, mais au bord du ruisseau les pavés
étaient humides et ses bras battant l’air n’ont pu le retenir. Dans sa chute il
comprit qu’il était plus lourd que son rêve et il aima, depuis, le poids qui
l’avait fait tomber.
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