PAUL CLAUDEL
CHANSON D’AUTOMNE
Dans la lumière éclatante d'automne
Nous partîmes le matin.
La magnificence de l'automne
Tonne dans le ciel lointain.
Le matin qui fut toute la journée,
Toute la journée d'argent pur,
Et l'air de l'or jusqu'à l'heure où Dionée
Montre sa corne dans l'azur.
Toute la journée qui était d'argent vierge,
Et la forêt comme un grand ange en or,
Et comme un ange bordé de rouge avec arbre
Dans la lumière éclatante d'automne
Nous partîmes le matin.
La magnificence de l'automne
Tonne dans le ciel lointain.
Le matin qui fut toute la journée,
Toute la journée d'argent pur,
Et l'air de l'or jusqu'à l'heure où Dionée
Montre sa corne dans l'azur.
Toute la journée qui était d'argent vierge,
Et la forêt comme un grand ange en or,
Et comme un ange bordé de rouge avec arbre
comme un cierge clair.
Brûlant feu sur flamme, or sur or !
O l'odeur de la forêt qui meurt, la sentir !
O l'odeur de la fumée, la sentir ! et de sang vif
Brûlant feu sur flamme, or sur or !
O l'odeur de la forêt qui meurt, la sentir !
O l'odeur de la fumée, la sentir ! et de sang vif
à la mort mêlée
O l'immense suspens sec de l'or par la rose du
O l'immense suspens sec de l'or par la rose du
jour clair en fleur !
O couleur de la giroflée !
Et qui s'est tu, et qui éclate, et qui s'étouffe et
O couleur de la giroflée !
Et qui s'est tu, et qui éclate, et qui s'étouffe et
reprend corps,
J'entends au cœur de la forêt finie,
Et qui reprend, et qui s'enroue, et qui se prolonge,
J'entends au cœur de la forêt finie,
Et qui reprend, et qui s'enroue, et qui se prolonge,
plus sombre,
L'appel inaccessible du cor.
L'appel sombre du cor inconsolable
A cause du temps qui n'est plus,
Qui n'est plus à cause de ce seul jour admirable
Par qui la chose n'est plus.
Qui fut une fois, hélas !
Une fois et qui ne sera plus :
A cause de l'or que voici,
A cause de tout l'or irréparable,
A cause du soir que voici !
A cause de la nuit que voici !
A cause de la lune et de la Grande-Ourse que voici.
L'appel inaccessible du cor.
L'appel sombre du cor inconsolable
A cause du temps qui n'est plus,
Qui n'est plus à cause de ce seul jour admirable
Par qui la chose n'est plus.
Qui fut une fois, hélas !
Une fois et qui ne sera plus :
A cause de l'or que voici,
A cause de tout l'or irréparable,
A cause du soir que voici !
A cause de la nuit que voici !
A cause de la lune et de la Grande-Ourse que voici.
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