PAUL ELUARD
MORALITÉ DU SOMMEIL
Cordes des distances cordes des lueurs
Cordes d'espérance jetées aux absents
La paresse des enfants
La fleur son éternité
La tempête sa puissance
Les conquêtes du beau temps
La femme son chemin partout
La femme flamme de nature
Tissant la trame du soleil
Et s'exaltant pour m'exalter
Entre les horizons volages
Qui font et défont sa beauté
La forêt couvre ses épaules
Sa chevelure silencieuse
D'un seul bruit d'ailes d'un seul chant
Moisson d'espace
Mais tout se noue en mon domaine
Pour mieux m'incliner m'humilier
La joie la clarté convulsées
Perdent leur éclat leur fraîcheur
Ma souffrance devient visible
Bagarre effrénée sur l'estrade
Visage de crin flambant noir
Odeur de suie plafond de poix
Ours démuselé panthère traquée
Crépuscule de la fureur
Les cages vides sont fermées
Une chèvre aride au ciel étoilé
Vieillit en calculant son âge
L'après-midi fut de brindilles
De façons d'être coutumières
Une étreinte de mains chétives
Dix doigts d'images vacillantes
Voilés de molles bagues blanches
Ainsi mon délire ainsi mon désastre
Ainsi mes forces écroulées
Un rire roulis
Que le jeu ramène vers la table douce
De tes seins légers
Nuit de neige nuit vague
Sur un pont tremblant le sommeil
Fripe la chemise du temps
La vie
Et la courbe de ta poitrine
La retient au bord d'un abîme
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