Δευτέρα 4 Απριλίου 2022

ΕΛΥΑΡ

 


PAUL ELUARD

 

MORALITÉ DU SOMMEIL

 

Cordes des distances cordes des lueurs

Cordes d'espérance jetées aux absents

La paresse des enfants

La fleur son éternité

La tempête sa puissance

Les conquêtes du beau temps

La femme son chemin partout

La femme flamme de nature

Tissant la trame du soleil

Et s'exaltant pour m'exalter

Entre les horizons volages

Qui font et défont sa beauté

La forêt couvre ses épaules

Sa chevelure silencieuse

D'un seul bruit d'ailes d'un seul chant

Moisson d'espace

Mais tout se noue en mon domaine

Pour mieux m'incliner m'humilier

La joie la clarté convulsées

Perdent leur éclat leur fraîcheur

Ma souffrance devient visible

Bagarre effrénée sur l'estrade

Visage de crin flambant noir

Odeur de suie plafond de poix

Ours démuselé panthère traquée

Crépuscule de la fureur

Les cages vides sont fermées

Une chèvre aride au ciel étoilé

Vieillit en calculant son âge

L'après-midi fut de brindilles

De façons d'être coutumières

Une étreinte de mains chétives

Dix doigts d'images vacillantes

Voilés de molles bagues blanches

Ainsi mon délire ainsi mon désastre

Ainsi mes forces écroulées

Un rire roulis

Que le jeu ramène vers la table douce

De tes seins légers

Nuit de neige nuit vague

Sur un pont tremblant le sommeil

Fripe la chemise du temps

La vie

Et la courbe de ta poitrine

La retient au bord d'un abîme



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