Τετάρτη 25 Οκτωβρίου 2017

ΜΠΡΕΤΟΝ!




ANDRÉ BRETON


SUR LA ROUTE DESAN ROMANO

La poésie se fait dans un lit comme l’amour
Ses draps défaits sont l’aurore des choses
La poésie se fait dans les bois 

Elle a l’espace qu’il lui faut
Pas celui-ci mais l’autre que conditionnent

   L’oeil du milan
   La rosée sur une prêle
   Le souvenir d’une bouteille de Traminer embuée sur un
   plateau
   d’argent
   Une haute verge de tourmaline sur la mer
   Et la route de l’aventure mentale
   Qui monte à pic
   Une halte elle s’embroussaille aussitôt


Cela ne se crie pas sur les toits
Il est inconvenant de laisser la porte ouverte
Ou d’appeler des témoins

   Les bancs de poisson les haies de mésanges
   Les rails à l’entrée d’une grande gare
   Les reflets des deux rives
   Les sillons dans le pain
   Les bulles du ruisseau
   Les jours du calendrier
   Le millepertuis

L’acte d’amour et l’acte de poésie
Sont incompatibles
Avec la lecture du journal à haute voix

   Le sens du rayon de soleil
   La lueur bleue qui relie les coups de hache du bûcheron
   Le fil du cerf-volant en forme de coeur ou de nasse
   Le battement en mesure de la queue des castors
   La diligence de l’éclair
   Le jet des dragées du haut des vieilles marches
   L’avalanche

La chambre aux prestiges
Non messieurs ce n’est pas la huitième Chambre
Ni les vapeurs de la chambrée un dimanche soir

   Les figures de danse exécutées en transparence au-dessus
   des mares
   La délimitation contre un mur d’un corps de femme au
   lancer de
   poignards
   Les volutes claires de la fumée
   Les boucles de tes cheveux
   La courbe de l’éponge des Philippines
   Les lacets du serpent corail
   L’entrée du lierre dans les ruines
   Elle a tout le temps devant elle

L’étreinte poétique comme l’étreinte de chair
Tant qu’elle dure
Défend toute échappée sur la misère du monde. 

  
1948

Δεν υπάρχουν σχόλια:

Δημοσίευση σχολίου