ANNIE LE BRUN
ANNULAIRE DE LUNE
J’ai été un automne décisif de figues et de
rousseurs éclatées dans l’or morose des scarabées enamourés. La mer s’ouvrait
enfin servile sous le fouet de l’instant pour que nous avancions superbes et
distraits entre les débris de la lumière. En équilibre sur le poignard que je
plongeais entre les senteurs de la nuit, je croyais que le monde tournait comme
une pomme brodée dans le jardin de mes vêtements. De tous les travestis, je
possédais la science dédaigneuse des cambrures champagne. Je ne redoutais pas le
passage des motocyclettes du matin sur les peausseries noires du cerveau, je
m’espérais subtilement fardée de perversité candide et de soie grise. J’allais
me heurter de plein front contre le miroir qui coupait ma vie en deux.
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