ALAIN JOUFFROY
PORTES DU DÉSERT
démarrer à l’acide
passer de l’autre côté des
barrières grises
traverser et suivre les
pistes du désert de sel
franchir le blanc laiteux du
vide
se jeter à l’horizon
surcaché de l’horizon
allumer l’incendie au milieu
d’un vent de sable
rire aux larmes de cet
incendie
s’envelopper de l’orage de
Newton des Bédouines
se marquer jusqu’à l’os de
l’empreinte de plusieurs soleils
monter monter toujours plus
haut vers le Sud de la pensée
agrandir l’espace du voyage
par l’espace de l’acceptation
gagner le large accessible
de la joie
et puis, à petits pas,
s’approcher des portes silencieuses
s’approcher du rose et du
noir de la première porte
longer le mur saumon et
blanc à contre-jour
reculer devant les façades
craquelées par le sourire
reconnaître la rigueur d’un
oeil bleu faïence
y plonger comme un pêcheur
de mirages
et n’en ramener que
l’éblouissement des archanges
quelles portes et sur quel
crépuscule
quels tableaux et sur quelle
aube
les couleurs redescendent
enfin sur la terre
elles sont là comme le signe
de l’accueil la bienvenue de l’extrémisme
personne ne les confond avec
rien d’autre
portes du désert portes bleu
lavande et vert pomme
portes chargées d’étoiles
aucun peintre ne vous a
inventées
c’est vous, hommes du
désert, qui réinventez la peinture,
la plus implacable, la plus
douce peinture du monde.
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