Τετάρτη 10 Ιουλίου 2013

Ο ΑΡΑΓΚΟΝ ΓΙΑ ΤΟΝ ΝΕΖΒΑΛ



LOUIS ARAGON


PROSE DE NEZVAL

Parlé

O flamme obscure
Flamme fraîche –

Une dernière fois pour éclairer l'immobilité d'une image

Avez-vous jamais vu comment meurt un oiseau

Ce qui n'avait tantôt que le poids de l'âme

Mais les poètes de notre âge
Durent moins que paille brûlée
J'en ai tant vu tournons la page
Aussitôt venus qu'en allés
Semblant ici-bas en voyage

Avez-vous jamais vu comment meurt un oiseau

Une pierre soudain qui tombe dans la cage

Cela ne chantera plus n'ébouriffera plus

Son plumage
Cela meurt droit devenu plomb

Cela meurt on dirait un meuble tombé dans ma tête

Une marche manquée
Un mot pour l'autre

Un oiseau que c'est triste un oiseau qui meurt


Une phrase inachevée un vers qui ne trouvera plus d'écho
Tiens
Encore un poète mort dans le journal

La
Seine-et-Oise ne te verra pas te promener avec moi

dans la forêt aux rhododendrons
Je ne te croiserai plus par hasard dans les aérodromes
Vitezslav
Nezval

Tu avais les yeux couleur d'une lessive céleste
Et maintenant que te voilà blanc comme un alexandrine

sans rime
Tu es un carreau de
Delf t sur le linge du lit
Où l'on voit un pastoureau jouant de la flûte
Devant une petite haie

Ou qui sait un chevalier armé pour un tournoi
On va te regarder différemment désormais que tu as pour moi
Ce visage de roi de cœur de l'éternité

J'essayerai de parler de toi
Nezval

J'essayerai
Ma gorge racle des mots noirs

Épines noires dans la gorge

Le deuil
Prague le deuil baroque

Et le deuil tourmenté des draperies de pierre

J'essayerai qu'un cri s'élève de la pierre

La radio ce soir a parlé de
Nezval

Pour dire qu'il est mort c'est plus que pour
Rimbaud

Je vois
Prague et la lune dans
Prague

Les pas de lune dans
Prague où passa mon
Apollinaire

La pluie à
Prague dans ta
Prague aux doigts de pluie

Pianote aux vitres s'y essuie

Une musique y balbutie

J'essayerai qu'un cri de pierre sous la scie

Qu'un cric soulève la pierre des rimes
J'essayerai ma gorge le criquet l'escrime
De ma gorge

Dans le
Hradschin désert la lune est sans rivale
Elle peint sur le pont le deuil blanc des statues
La radio ce soir a parlé de
Nezval
Pour dire qu'il s'est tu

Strophe que la main ponctue ô strophe au-delà
De quoi commence le voile funèbre au-dessus du
Pont
Charles
Nuage qui passe par le vent emporté
J'éclaircirai ma gorge comme le ciel

Ainsi
Prague a perdu son âme et son poète
Lorsque j'irai tantôt je ne l'y verrai pas
Et son cœur s'est brisé comme un verre qu'on jette À la fin du repas

Lorca
Maïakovski
Desnos
Apollinaire
Leurs ombres longuement parfument nos matins
Le ciel roule toujours les feux imaginaires
De leurs astres éteints

Contre le chant majeur la balle que peut-elle
Sauf contre le chanteur que peuvent les fusils
La terre ne reprend que cette chair mortelle
Mais non la poésie

Ce siècle est au-delà du minuit de son âge
Ses poètes n'ont plus besoin d'être achevés
Ils ont usé leur vie au danger des images
Et croient avoir rêvé

Il se fit dans
Paris un silence de neige
Un réveil de novembre à neuf heures battant
Quand Éluard partit rejoindre le cortège
Nezval meurt au printemps

C'est de sa belle mort comme disent les hommes
Qu'il meurt
Nezval et tout par conséquent est bien
Il ne faut pas pleurer dans ce siècle où nous sommes
Cela ne sert à rien

Il meurt l'enfant terrible aux jours des primevères
Pâques éperdument auront sonné pour lui
Ses paupières fermées ses doigts se sont rouverts
Ses derniers vers ont lui

Dans le monde en gésine inhumain pathétique
Il tourne au firmament à jamais ses yeux bleus
Visage émerveillé des peintures gothiques
Soleil de quand il pleut

Il est entré vivant dans les deux du folk-lore
Y chantant sa mère et la paix pareillement
Il nous montre demain comme une bague d'or
Dans la main d'un amant

Nezval de qui le nom notre lèvre façonne
Nezval attends un peu j'arrive à tes côtés
Du jour qui fut si beau déjà le soir frissonne
Et d'autres vont chanter

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