ANDRÉ GAILLARD
SI RIEN N’EST VAIN
Et la neige immortelle
envahit les saisons
Plus haut que le bonheur, plus haut que le silence, autour des monts courbés
Plus haut que le bonheur, plus haut que le silence, autour des monts courbés
sur le ciel insensible
comme un corps sans amour penché sur sa splendeur interdite et perdue, elle
s’enroule et se déroule à l’infini.
Les prisonniers ont faim.
La nuit est là, fragile et toute trouée d’échos.
On aiguise une lame, une corde se brise, le cristal résonne, un marin meurt
Les prisonniers ont faim.
La nuit est là, fragile et toute trouée d’échos.
On aiguise une lame, une corde se brise, le cristal résonne, un marin meurt
en mer.
On dresse un échafaud et mon cœur retentit du choc sourd des marteaux.
Sourd : il n’est pas que sourd, il est aveugle.
O mon amour, est-ce toi le condamné : sur ton cercueil on me clouera
On dresse un échafaud et mon cœur retentit du choc sourd des marteaux.
Sourd : il n’est pas que sourd, il est aveugle.
O mon amour, est-ce toi le condamné : sur ton cercueil on me clouera
vivant.
Déjà le sang coule et dessine ton nom.
Toutes les peurs, toute la nuit, mais le ciel coule déjà sous les ponts
Déjà le sang coule et dessine ton nom.
Toutes les peurs, toute la nuit, mais le ciel coule déjà sous les ponts
de l’aurore.
Je sors du miroir, de l’eau du miroir plutôt ; c’est pour trébucher et tomber
Je sors du miroir, de l’eau du miroir plutôt ; c’est pour trébucher et tomber
dans un enchevêtrement de
glaives.
La volonté ne sert de rien, le cœur veille.
À plat ventre, à genoux, les bras brisés,
puis debout dans la flamme et le vent. Et plus je monte, plus ma taille
La volonté ne sert de rien, le cœur veille.
À plat ventre, à genoux, les bras brisés,
puis debout dans la flamme et le vent. Et plus je monte, plus ma taille
grandit.
À mes pieds la nuit comme une mer ou comme une brume.
Des échos de montagne étouffés et tendres s’élèvent, se répondent et
À mes pieds la nuit comme une mer ou comme une brume.
Des échos de montagne étouffés et tendres s’élèvent, se répondent et
s’exaltent, puis
s’apaisent et décroissent à la mesure d’un amour perdu
dans les détours de la
mémoire.
Les ombres inférieures s’écartent pour te livrer passage, mirage de mon
Les ombres inférieures s’écartent pour te livrer passage, mirage de mon
plaisir, grande fleur
inconsolée d’une ténèbre jamais vaincue, folle
de saison, flamme de
couronne, malheur du jour.
Tu montes, tu montes ; nous voilà face à face.
Je t’échappe, tu me rejoins.
Je m’étends, je m’étire, je grandis désespérément, je m’écartèle en vain :
tu es là fatale, implacable, toujours plus vaste que mon désir et de toute
Tu montes, tu montes ; nous voilà face à face.
Je t’échappe, tu me rejoins.
Je m’étends, je m’étire, je grandis désespérément, je m’écartèle en vain :
tu es là fatale, implacable, toujours plus vaste que mon désir et de toute
part te refermant sur lui.
Je suis en toi, je ne suis plus.
Je suis en toi, je ne suis plus.
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