Τρίτη 28 Σεπτεμβρίου 2010
ΕΛΥΑΡ!
PAUL ELUARD
PORTRAIT EN TROIS TABLEAUX
I
Tes mains pourraient cacher ton corps
Car tes mains sont d’abord pour toi
Cacher ton corps tu fermerais les yeux
Et si tu les ouvrais on n’y verrait plus rien
Et sur ton corps tes mains font un très court chemin
De ton rêve à toi-même elles sont tes maîtresses
Au double de la paume est un miroir profond
Qui sait ce que les doigts composent et défont
II
Si tes mains sont pour toi tes seins pour les autres
Comme ta bouche où tout vient prendre du goût
La voile de tes seins se gonfle avec la vague
De ta bouche qui s’ouvre et joint tous les rivages
Bonté d’être ivre de fatigue quand rougit
Ton visage rigide et que tes mains se vident
O mon agile et la plus lente et la plus vive
Tes jambes et tes bras passent la chair compacte
D’aplomb et renversée tu partages tes forces
A tous tu donnes de la joie comme une aurore
Qui se répand au fond du cœur d’un jour d’été
Tu oublies ta naissance et brûles d’exister.
III
Et tu fends comme un fruit mûr ô savoureuse
Mouvement bien en vue spectacle humide et lisse
Gouffre franchi très bas en volant lourdement
Je suis partout en toi partout où bat ton sang
Limite de tous les voyages tu résonnes
Comme un voyage sans nuages tu frisonnes
Comme une pierre dénudée aux feux d’eau folle
Et ta soif d’être nue éteint toutes les nuits
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